Eko VI. Tel était le nom de la
planète sur laquelle il vivait. Une planète comme les autres, dont
la fonction principale était de fournir en blé les autres planètes
du secteur galactique. Vue de l'espace, elle ressemblait à une boule
ocre, parsemée de tâches d'un vert profond comparable à celui des
forêts européennes de l'ancienne Terra. Les habitants étant
essentiellement des paysans, la planète n'était pas connue comme
l'une des grandes pionnières des avancées technologiques de
l'Imperium, mis à part les machines agricoles démesurées aux
faucilles de la taille d'un gratte-ciel.
Salim était un membre des forces de
sécurité d' Eko VI, et son seul rôle était de patrouiller dans
les champs à la lisière de la forêt du secteur Ouest, afin de
faire face à une éventuelle menace venant de celle-ci. C'était
pour lui et ses compagnons d'arme une simple perte de temps, car
personne n'avait jamais vu quoi que ce soit en sortir depuis que
l'Homme pouvait s'en souvenir. La seule raison pour laquelle elle
n'était pas habitée était la pénombre permanente dans laquelle on
se trouvait à l'intérieur et de vieux mythes mettant en scène
d'étranges créatures à fourrure. Aucune raison de s'inquiéter
donc.
Prenant son tour de garde avec cinq de
ses compagnons, le jeune homme marchait lentement à la lisière de
cette somptueuse forêt, le long d'un des complexes agricole les plus
important de la région. Du blé d'un jaune fade à perte de vue, et
une forêt d'un vert sombre et profond de l'autre, tout cela éclairé
d'une lumière chaude de fin d'été par les deux astres du système.
Salim ne pensait qu'à une chose, rentrer chez lui afin de s'asseoir
dehors et profiter de cette vue magnifique, sans avoir ce lourd fusil
laser autour de la taille et ce casque avec visière teintée. Ses
compagnons pensaient tous à quelque chose de semblable. Ils furent
tirés de leur rêverie par un bruissement de feuille à leur droite,
à la lisière de la forêt. Rien d'anormal, les chats sauvages
étaient nombreux dans ce milieu. Un des soldats s'approcha d'un pas
lent. Une créature de la taille d'un gros chien sortit du couvert de
la forêt. Elle était d'un rouge sang, avec quelques rayures
sombres, et des yeux jaunes. Une grande gueule, fermée sur des dents
que l'ont devinait démesurées, était figée dans un rictus
involontaire. La chose se tenait sur deux pâtes terminée par trois
extrémités crochues, et une courte queue terminait sa silhouette
trapue.
Intrigués, curieux et méfiants à
la fois, les 6 militaires s'approchèrent en silence de cette étrange
animal. Aucun d'entre eux n'avait vu quelque chose de semblable
auparavant. Salim trouvait le comportement de la chose quelque peu
étrange. En effet, celle-ci ne semblait pas effrayée par les six
hommes en armes, et restait immobile, seul sa lourde tête pivotant,
telle celle d'une volaille intriguée. Sa surprise fut donc encore
plus grande lorsqu'il vit, comme dans un cauchemar, la créature
bondir grâce à ses deux courtes pattes, ouvrir une gueule
démesurément grande et garnie de crocs de la taille d'un avant bras
et remplie d'une bave jaunâtre, en direction du premier des soldats.
L'instant d'après, sa tête disparaissait dans une immense giclée
de sang, et déjà la chose se ruait vers un autre homme. Trois
autres de ces choses sortirent du couvert de la forêt, tels des
piranhas attirés par l'odeur du sang et le hurlements des soldats
pourchassés. Salim courrait, puis chuta brutalement sur le ventre. A
peine eut-il le temps de se retourner qu'un des petits monstres se
trouvait déjà sur lui. Il tira une rafale de fusil laser,
carbonisant son agresseur. Déjà un se ruait sur lui, et tout juste
eut-il le temps d'apercevoir une forme verte surgir de la forêt, à
l'endroit même où la première créature été apparue.
Il s'agissait d'un ork. Salim en avait
entendu parler, mais il n'y croyait pas. Pas sur cette planète,
c'était impossible. L'ork était juché sur une énorme masse brune
mouvante, avec de grandes défenses encadrant sa petite tête aux
yeux vicieux. Un sanglier. Il avait un ork chevauchant un sanglier en
face de lui. Il n'en croyait pas ses yeux. D'autres sortirent tout au
long de la lisière de la sombre forêt verte. Certains étaient
assis sur des bêtes énormes. D'autres tenaient à la main quelques
unes de ces petites créatures. Tout en observant ces peaux vertes
sortant de la végétation, il se débattait avec trois petits
monstres. Un d'entre eux lui arracha le bras, et Salim cria de
douleur. Puis il vit une gueule hérissée de crocs s'ouvrir en face
de lui. Le jeune homme mourut dans un gargouillement sinistre.
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